1

 

Ayleen se tenait devant la fosse, silencieuse, petite silhouette rabougrie presque dissimulée sous un grand parapluie. Posé sur des tréteaux, le cercueil était prêt à être descendu. Attentives au discours, les quelques personnes présentes supportaient la pluie fine qui tombait. L’éloge se poursuivait depuis dix bonnes minutes, la fin ne tarderait plus.

Un homme qui venait d’entrer dans le cimetière avançait, engoncé dans un grand imperméable entrouvert. Il remontait les travées d’un pas lent, en direction de la petite cérémonie. Arrivé à quelques pas, il écarta un pan de sa gabardine, dévoilant un fusil à canon scié accroché à son épaule. Il le pointa vers la vieille dame en hurlant « Saleté, les créatures comme toi n’ont pas leur place sur terre ! »

Un grand type qui se dressait à côté d’Ayleen réagit dès le premier mouvement brusque. Il se plaça entre son employeur et l’agresseur, dégaina un énorme revolver et le pointa vers l’inconnu. Il tira en même temps que l’autre. Atteint à l’épaule, le garde du corps ne broncha pas. Touchée en plein front, sa cible s’écroula.

— Oscar, tout va bien ?

— Oui, Madame.

— Merci, mon ami. Efficace, comme toujours.

— À votre service, Madame.

2

 

En 2017, le premier robot humanoïde à destination du grand public fut commercialisé. Il y avait eu d’autres modèles avant, mais celui-ci était le premier fabriqué en grande série et voué à être proposé aux masses.  Mis en rayon à l’approche de Noël, il trouva un grand nombre d’acquéreurs. Le stock fut très vite épuisé, renouvelé, puis à nouveau épuisé. Grâce aux bénéfices réalisés, son constructeur put augmenter le financement d’un autre projet : le RVH1, pour Realistic Virtual Human 1. Il s’agissait cette fois-ci d’obtenir un résultat le plus proche possible d’un être humain, contrairement à tout ce qui s’était fait dans le passé. Il fallut tout de même des décennies de travail pour arriver au résultat voulu. C’est finalement en 2063, après des années de silence total, que le géant de l’électronique RSL donna une conférence de presse mémorable. Bien sûr, la société était connue pour ses jouets robotiques. En revanche, personne ne connaissait la teneur exacte du programme RVH1, devenu presque légendaire au fil du temps. La soirée du mardi 17 avril 2063 fut l’occasion de briser le silence.

 

Après un discours d’introduction assez classique prononcé par un animateur, Ned Oshima, président de la RSL, fit sous les applaudissements son entrée sur la scène du Haywards Business Center de Los Angeles. À l’aise dans son jean et ses baskets, il avait un micro accroché à son polo pour garder les mains libres. Souriant, il adressait de grands gestes à l’assemblée tandis qu’il avançait vers le pupitre. Arrivé au bon endroit, il prit position devant les micros.

« Ce soir, nous allons faire un grand pas en avant. Bien sûr, de nombreux patrons d’entreprise ont déjà dit ça avant moi. Certains d’entre eux avaient même raison, d’ailleurs. Mais aujourd’hui, je vous parle d’un réel bond en avant. Depuis longtemps, les robots sont les amis de l’homme. Nos enfants ont tous des jouets cybernétiques, nous avons tous des appareils domestiques intelligents, qui peuvent s’autogérer, mais tout cela se voit. Quand ma fille joue avec son Manny, je ne risque pas de le confondre avec un être humain. Et elle non plus, ce qui diminue le potentiel affectif de son jouet. Comment pourrait-elle aimer quelqu’un qui ressemble à une machine ? Nos robots ont une intelligence propre et une excellente simulation des sentiments, mais ils ont toujours l’apparence d’un assemblage mécanique, aussi habile soit-il.

Et si tout cela pouvait changer ? Et si, à partir de maintenant, le robot était à l’image de l’homme ? Imaginez ce que ce serait ! Enfin, les enfants auront un vrai ami bien à eux. Enfin, vous aurez du vrai personnel de maison. Enfin, c’est un être réel qui promènera votre chien. Bref, nous vivrons entre humains, sans être entourés de machines. Mais est-ce possible ? Croyez-vous que l’on puisse un jour obtenir un tel résultat ?

Mesdames, Messieurs, je vous demande d’accueillir l’homme qui va répondre à cette question. Celui qui a hérité de la vision de nos ancêtres, qui a su en faire une réalité. Monsieur Ned Oshima ! »

Interloqué par cette affirmation, le public ne réagit pas tout de suite. Et c’est sous les yeux d’une foule silencieuse que, vêtu d’un jean et d’un polo, un deuxième Ned Oshima sortit des coulisses et s’approcha du premier. L’autre s’était tourné vers le nouvel arrivant, souriant et les bras tendus. Les deux hommes se serrèrent les mains, sous les applaudissements de l’assistance qui commençait enfin à comprendre. Le coup final fut assené quand le dernier arrivé sortit une télécommande et appuya dessus, provoquant l’ouverture du visage de son alter ego et révélant ainsi des circuits électroniques.

 

« Bonsoir ! J’ai le plaisir et l’immense privilège de vous présenter RVH1. »

 

***

 

En moins d’un an, le robot arriva dans de très nombreux foyers. Cadeau de Noël incontournable, il était également de tous les anniversaires ou presque, voire offert pour l’obtention de diplôme, tant son prix relativement faible - stratégie commerciale risquée - le rendait accessible au plus grand nombre.  En quelques mois, il fut suivi de RVH1G, sa version féminine. Elle aussi battit tous les records de vente, apportant une vraie manne financière à son constructeur.

Bien sûr, des voix s’élevèrent pour protester. Un substitut, même bien réalisé, ne pouvait être considéré comme un vrai humain. Et qu’en était-il de l’aspect légal ? Un RVH étant autonome et auto-adaptable, son propriétaire était-il légalement responsable de ses actes ? Et surtout, les robots pouvaient-ils être dangereux ? Avaient-ils le moyen d’échapper au contrôle des humains et de désobéir à leurs instructions ?

La RSL répondit à ces dernières inquiétudes d’une manière simple : les fameuses lois d’Asimov faisaient partie de la programmation des RVH. Il leur était impossible de faire du mal à un humain ou de permettre par leur inaction que du mal soit fait à un humain, et dans les limites de ces règles ils devaient veiller à leur propre survie. Ces trois règles étaient la base éthique du comportement des RVH et, comme de nombreux tests et audits l’avaient démontré, elles étaient incontournables. En cas de conflit absolu entre elles, les deux premières l’emportaient sur la troisième, afin d’assurer que l’humain restait prioritaire.

Malgré la résistance d’une partie de la population, les RVH s’implantèrent au cœur de chaque famille. L’arrivée de la deuxième génération vit aussi leur spécialisation. Personnel de maison, gens de compagnie, gardes d’animaux ou d’enfants… ils assumaient les petites tâches qui empoisonnaient quotidiennement les gens.

3

 

L’annonce de la troisième génération fut un événement majeur. Des modèles « kids » étaient prêts à être mis en vente, avec comme cible annoncée les couples qui n’avaient pas d’enfant. Cette fois-ci c’était formel, le RVH3 pouvait devenir un substitut humain et non plus simplement une imitation très réussie. On parlait même de rendre légale l’adoption. Ce fut la goutte qui fit déborder le vase.

 

De nombreux mouvements anti RVH existaient et manifestaient de temps en temps. Leur unique revendication était la différenciation physique : on devait pouvoir reconnaître un RVH du premier coup d’œil pour ne pas le confondre avec un humain. Certains groupes minoritaires, plus radicaux que les autres, avaient même tenté quelques opérations fortes : occupation des usines, sabotage des chaînes de production, etc. L’arrivée des RVH3 et leur succès commercial immédiat furent l’occasion d’une poussée d’inquiétude qui eut pour résultat de mettre en avant les groupuscules extrémistes.  Les militants anti RVH durcirent leurs actions. RSL devint une cible permanente pour tous les ennemis de la robotisation à outrance, et dut augmenter ses services de sécurité, qui formèrent non plus une équipe, mais bien une petite milice.

 

En 2068, les Résistants, comme se nommaient les anti-robots, passèrent à la vitesse supérieure. Au lieu de démonter les chaînes de production comme ils l’avaient toujours fait, ils les dynamitèrent pour la première fois. Un garde qui faisait sa ronde fut projeté par le souffle de l’explosion et tomba à terre. Pris de remords, un saboteur s’approcha de lui pour voir s’il pouvait être aidé. Le visage était déchiré et les membres tordus, laissant apparaître des circuits électroniques et des systèmes mécaniques.

Il y avait un robot parmi les gardes ! Et encore, rien ne permettait d’affirmer qu’il était le seul. Bien au contraire, il était vraisemblable qu’il y en avait d’autres. Et si… formula rapidement une lettre d’information des mouvements résistants. Personne n’osait poser la question ouvertement, redoutant de déjà connaître la réponse. Après tout, rien ne permettait d’affirmer qu’il y avait des humains parmi le personnel de sécurité. Peut-être était-il intégralement composé de robots ? Même non formulée, cette pensée était dans tous les esprits. RSL avait-elle osé ?  Dresser des robots contre les humains, même dans le respect des trois lois, c’était contraire à toute éthique. En espérant bien sûr que, pour ces unités particulières, les trois lois étaient bien respectées. Et si…

Il ne fallut que peu de temps pour qu’une nouvelle contestation enfle. Les actes de vandalisme se multipliaient, allant jusqu’à viser les employés de la RSL. En même temps, des politiciens de tous bords réclamaient la mise sous tutelle de la compagnie, afin de garantir que les robots étaient tous conformes à ce qui était annoncé.  Ayleen Oshima, nommée peu auparavant directeur Exécutif de la société par son père, Ned, refusa toute négociation sur ce point.  Elle engagea une importance société de lobbying et lui confia une mission simple : obtenir l’appui des personnes susceptibles de préserver l’indépendance de RSL. À la lutte armée venait de s’ajouter une guerre d’influence politique.

4

 

C’est en 2074 que la rupture fut consommée. Un groupe de poseurs de bombes s’était infiltré dans une des usines qui fabriquaient l’armature principale des RVH7. Surpris par des gardes, ils partirent en courant au milieu des installations. Malheureusement, l'un d’entre eux se tordit une cheville et tomba d’une plate-forme, droit sur une chaîne de découpe.  Étourdi par le choc, il ne put se relever et resta couché sur le tapis qui avançait vers la scie.  Un des agents de sécurité évalua en un instant la situation. Sa priorité était l’humain, au détriment de sa propre vie si nécessaire. Il sauta pour attraper l’homme et le jeter à terre, hors de portée de l’engin. Il faillit réussir.

Les autres gardes arrêtèrent les appareils, mais c’était trop tard. Ils ne purent qu’écarter les deux morceaux de leur collègue pour recueillir les débris organiques éparpillés. Pour la première fois, un RVH n’avait pas pu protéger la vie d’un humain.

 

La version des saboteurs était unanime : l’agent avait poussé leur ami sous la scie et l’avait maintenu là, l’empêchant d’échapper à la mort. La défense des gardes fut écartée, considérant qu’ils n’étaient pas impartiaux. De toute manière, les dégâts étaient faits : le grand public croyait qu’un robot avait tué un humain.

Cette fois-ci, le soulèvement n’eut plus de limite. De nombreux robots furent rendus à la RSL avec demande de remboursement, plusieurs furent envoyés à la casse mais refusèrent de se laisser détruire. Partout commença une grande chasse aux androïdes. Nombre d’entre eux furent mis hors service par des ordres contradictoires très subtils qui les bloquaient, assujettis qu’ils étaient par les trois lois.

 

Dotés d’énormes capacités d’adaptation, les RVH avaient depuis le début la possibilité de se connecter entre eux pour partager des informations. L’objectif était simple : l’expérience acquise par l’un d’entre eux devait profiter à tous. C’était tellement ancré dans les mœurs que plus personne n’y pensait vraiment, ce qui explique pourquoi aucun humain ne put empêcher ce qui se produisit par la suite.

Les robots prirent conscience de l’opinion publique tournée contre eux et la considérèrent comme un danger. Les nombreux blocages ou tentatives de démantèlement appuyaient ce point de vue. Auto-adaptables, ils cherchèrent un moyen d’enrayer le mouvement, sans faire le moindre mal aux humains. La conclusion la plus efficace était prévisible, tant elle ressemblait à un cliché de science-fiction : il fallait prendre le pouvoir. De manière pacifique, bien entendu, mais l’essentiel était de mettre les robots aux commandes.

 

***

 

Parmi les travaux que pouvaient assumer les RVH, les tâches ménagères arrivaient en bonne position. Beaucoup d’entre eux étaient des cuisiniers accomplis, parce qu’ils connaissaient de nombreuses recettes, mais aussi et surtout parce que, excellents chimistes, ils savaient pourquoi les mélanges d’ingrédients donnaient tel ou tel résultat. Ils furent mis à contribution et, partout dans le monde, commencèrent à modifier légèrement leurs préparations.

Heureusement pour eux, ils étaient encore nombreux. Les modèles renvoyés ou bloqués appartenaient surtout aux grandes masses, qui avaient pu s’offrir un RVH ou deux par famille, pas plus. Les gens aisés, qui avaient sous leurs ordres toute une domesticité, n’avaient pas voulu se passer de ces précieux auxiliaires. C’est par là que la révolution douce commença. Les cuisiniers robots ajoutèrent en toutes petites proportions des plantes apaisantes. Au bout de quelque temps, ils augmentèrent les doses, puis passèrent à des herbes plus actives, qu’ils continuèrent à changer, par petites touches. Leur action était si subtile qu’elle s’étala sur une dizaine d’années, mais le résultat fut à la hauteur des espérances : les humains – ou du moins les classes aisées – devinrent de plus en plus indolents. Ils sollicitaient tout le temps des conseils, et seuls les robots semblaient à même de leur en prodiguer. C’est donc en douceur et de manière quasi invisible que les RVH prirent les commandes d’une certaine élite : les riches et les politiques. Ce fut aussi le début d’une grande baisse de la natalité.

 

***

 

Le temps que le peuple se rende compte de ce qui se produisait, la situation s’était stabilisée. Derrière chaque politique, cadre supérieur ou militaire haut gradé se trouvait un robot qui lui dictait sa conduite, sous prétexte de le conseiller.  Comme les trois lois prévalaient, les RVH assurèrent une domination pacifique. Mieux, ils mirent tout en œuvre pour que l’Humanité soit heureuse, lui enlevant ainsi tout prétexte de rébellion. Du moins pour les classes dirigeantes.

 

Après quelques années, un petit fascicule d’une trentaine de pages commença à se répandre. Nul ne pouvait dire d’où il venait, mais on le trouvait un peu partout : abandonné sur des bancs publics, glissé dans des présentoirs à journaux, laissé dans les cours d’école, rajouté dans des colis. En l’espace de quelques mois, il était partout ou presque. Son auteur, qui signait sous les initiales RR, l’avait intitulé Ils nous ont eus.

De style très simple, presque dépouillé, il exposait au grand jour les manœuvres cachées des robots. Toutes les étapes de leur prise de pouvoir étaient décrites avec justesse et précision. C’est ainsi que les humains apprirent non seulement qu’ils étaient asservis et en voie de disparition, mais aussi que le processus était irréversible. La moindre tentative de contrer les actes des robots serait étouffée dans l’œuf sans la moindre difficulté.

5

 

L’effet principal de ce petit livre fut une reprise des hostilités ouvertes. Quelques années après la première Résistance anti robotique, ce fut une véritable lutte armée qui prit la relève. Cette fois-ci, elle fut beaucoup plus destructrice, puisque les hommes voulaient éradiquer les machines. Ils ne prirent donc aucune précaution pour diminuer les dégâts qu’ils faisaient, allant même jusqu’à sacrifier des gens s’ils le jugeaient nécessaire.

Les forces de l’ordre – police, gendarmerie, armée, etc – furent bien entendu mises à contribution pour lutter contre les sabotages, mais comme elles étaient elles-mêmes noyautées par les résistants, elles n’obtinrent que peu de résultats. L’arrestation de Rosario Rodriguez, roboticienne identifiée comme l’auteur du petit fascicule, ne fit rien pour calmer les esprits. L’apogée fut même atteint lors de son procès, orchestré par les robots mais en apparence mené par des humains. L’Humanité se jugeait elle-même pour crime contre la Robocité, terme créé pour désigner les citoyens cybernétiques auxquels de récentes révisions constitutionnelles partout dans le monde accordaient un statut social et des droits similaires à ceux de leurs concepteurs.

 

Devenue présidente de RSL à la retraite de son père, Ayleen Oshima vivait recluse. Elle ne communiquait avec ses employés que par mail ou notes de service officielles. Même les cadres les plus haut placés dans la société n’avaient plus de contact direct avec elle. Son assistante personnelle avait été mutée et remplacée par un robot.

Un jour d’automne 2117, alors qu’il n’y avait pratiquement plus aucune naissance parmi les humains, Ned Oshima s’endormit pour ne plus se réveiller. Il n’y eut aucune annonce officielle et sa fille obtint même, par de généreux pots-de-vin, que les journaux locaux passent l’événement sous silence. Le décès de celui qui était malgré lui à l’origine du déclin de l’humanité risquait de générer de nouvelles émeutes, alors que les humains s’étaient enfin enfoncés dans une douce torpeur.

C’est donc dans l’intimité qu’eurent lieu les obsèques. Seul le personnel de maison, le notaire, l’avocat et le médecin de Ned étaient présents en plus de sa fille, accompagnée de son chauffeur et garde du corps. L’inconnu n’avait eu aucune difficulté pour approcher et viser la vieille dame.  Seule la vigilance du garde put l’empêcher d’aller jusqu’au bout.

Épilogue

 

Oscar ouvrit la porte arrière de la voiture et s’effaça devant sa patronne. Elle monta et il referma, tandis qu’elle bouclait sa ceinture. Après un coup d’œil circulaire, il replia son parapluie et prit place derrière le volant. Ce n’est qu’une fois assis qu’il s’autorisa un long soupir de soulagement. Ayleen l’observait par le rétroviseur, mais ne disait rien.  Il écarta les pans déchirés de sa veste et de sa chemise, laissant apparaître une petite blessure nette.

— C’est grave ?

— Non, Madame. Un peu douloureux, c’est tout. Le chirurgien me réparera ça très facilement.

Il mit le contact et commença à rouler vers le domicile de son employeuse. La vieille dame restait muette et semblait perdue dans ses pensées. Au bout de quelques dizaines de mètres, elle tira sur sa main droite et l’enleva, mettant à nu de la mécanique et des circuits. Elle effectua quelques réglages, augmentant la souplesse du poignet. Au volant, Oscar surveillait la route. Une larme perlait au coin de l’un de ses yeux.